Largement distribués sur le versant Asal, des dépôts lacustres carbonatés fins, avec lits coquillers (dont des Melania) alternant avec des sables à stratification entrecroisée et des conglomérats, apparaissent comme plaqués sur le relief, dont ils épousent les formes jusque dans le détail. Au sommet de ce versant, une ligne horizontale marque le niveau d’un maximum lacustre proche de la cote du déversoir (+110m env.) par lequel le trop-plein des eaux franchissait le seuil pour rejoindre le Ghoubbat (ci-dessous à g).
Ce cortège sédimentaire a fait l’objet de datations 14C, A Marmarisso, cote - 130, date - 9310 +/-130BP. Vers la cote +50 (Kadda Somma), les marnes et calcaires marneux ont livré un âge de - 8480+/-160BP. Dans les parages du déversoir, un échantillonnage effectué dans l’ordre stratigraphique a fourni une série de dates cohérentes: -8010+/-270BP, - 6965+/-260BP, - 6460 +/- 170BP, - 6360 +/-185BP, ainsi que sur des coquilles d’huitres ...vraisemblablement dégustées au bord du lac :- 6280BP et - 6170BP(id.). Ces dates peuvent suggérer une montée des eaux dans la dépression..
Descente des eaux: vers -150, ont été obtenues des dates de - 5390BP pour un encroutement alguaire et - 5600+/-190BP pour des coquillages en connexion. C’est vers - 5300BP que le lac se serait stabilisé à son niveau actuel. (Cl.Thibault, Inéd.),
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Des coulées récentes fossilisent des lanières tectoniques revêtues de placages carbonatés. (Ci-dessous au centre, édifice de hyaloclastites).
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Le mode de gisement de ces dépôts carbonatés est ici particulier, évoquant plus le style d’un précipité (au sens chimique) de matériaux fin que celui d’un simple dépôt gravitaire. En cet endroit par exemple, autour d’une colline basse, des accumulations carbonatées sous forme de placages inclinés sur les pentes, disposés en couronne, encerclent le relief arrondi dont elles épousent la forme au lieu de l’ennoyer comme on s’y attendrait (comme le serait un ilôt entouré de strates horizontales).
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Une autre évidence de l’existence d’un ancien plan d’eau contemporain d’émissions volcaniques est fournie, aux confins du lac Asal, par des pillow-lavas ("coussins" de lave fomés lorsque des coulées pénétrent dans l’eau ). A ce niveau, ce sont aussi des édifices de hyaloclastites qui signent une activité volcanique sous-aquatique.. Ce type de structure n’est pas observé dans les coulées plus élevées, qui sont en majorité aériennes.
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Dans le domaine du versant Asal immergé à l’Holocène , on rencontre fréquemment, au voisinage de fractures apparentes ou de fissures du massif volcanisé, de minces placages plus ou moins encroutants d’un matériau brunâtre, de nature carbonatée. Leur dimension est d’ordre métrique. Ils sont désignés dans le langage de terrain comme "encroûtements alguaires"
Plus rarement, le même matériau se présente en masses concrétionnées d’aspect renflé, ou en édifices d’apparence construite, sans plan d’organisation, comme s’ils résultaient d’une croissance anarchique. On ne peut écarter pour ces constructions - comme pour celle des placages - l’idée d’une intervention d’organismes constructeurs, telle par exemple que celle que fourniraient des "algues incrustantes" (Cyanophycées?).
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A propos des "cheminées" du lac Abhe, édifiées dans un matériau comparable, il est intéressanr de noter qu’aucune d’entre elles ne dépasse en hauteur celle de la "Grande Cheminée". Par contre, en escaladant celle-ci, on constate que la plupart des autres cheminées ont exactement la même hauteur, aucune n’excédant celle-ci. Ceci révèle un niveau de stabilité d’un lac considérablement plus grand et plus élevé que l’actuel, ayant existé lors des phases de construction sous-aquatique des cheminées.
Cette construction s’est étendue entre les âges de 6290+/-120 ans et 1570+/-60BP, et l’époque récente (Fontes et Pouchan, 1975).